Pour une écologie responsable et pragmatique
Le 29 juillet était le jour du dépassement. Ce jour correspond au moment où nous avons consommé toutes les ressources que la terre peut produire en un an. Ce jour n’existait pas l’année de ma naissance et était au mois d’octobre en 2001 à la naissance de mon fils. Le grand défi de toute l’humanité en ce XXIème siècle est d’inverser cette tendance. Ce défi doit s’appréhender à plusieurs niveaux. Le premier niveau est individuel. Je fais partie d’une génération où la réussite se jugeait plus sur ce que l’on possédait plus que sur ce que nous étions. Ce qui est vrai pour ma génération l’est pour les précédentes, celles de nos parents, de nos grands parents. Peut-être n’avons nous pas assez écouté Saint Exupéry qui nous expliquait que nous n’héritions pas de la terre mais que nous l’empruntions à nos enfants. Aujourd’hui toutes les générations sont conscientes de l’urgence à agir. Mais difficile pour une personne comme moi qui a construit sa vie, parce que c’était la règle, sur cette quête de confort matériel, de changer de paradygme. Je crois cependant en l’action individuelle et responsable de chacun d’entre nous pour un futur meilleur pour les générations à venir à commencer par celle de mes enfants. Chacun à notre niveau et notre degré de volonté pouvons au quotidien, tel le colibri, apporter notre part à ce défi. Nous pouvons lutter contre le gaspillage, optimiser nos déplacements en voiture, baisser la température de nos habitats d’un ou deux degrés, consommer mieux et le plus possible local. Toutes ces petits gestes du quotidien multipliés par un nombre croissant de citoyens contribuent à lutter contre le changement climatique et la pollution. Toutes ces actions individuelles mises bout à bout ne sauraient suffire à satisfaire des objectifs internationaux de plus en plus exigeants, l’urgence augmentant d’année en année.
Le second niveau se situe à l’endroit des décideurs politiques. Ces actions indivduelles doivent etre encouragées par une volonté d’agir des gouvernements des états du monde. Pour lutter contre le réchauffement climatique et donc diminuer les émissions de gaz à effets de serre les gouvernements doivent privilégier les énergies à bas coût en CO2, mettre en place des politiques qui favorisent une économie circulaire et investir dans des politiques de rénovation thermique des bâtiments énergivores sous forme de subventions aux particuliers, aux entreprises ou aux collectivités locales Même si la France est meilleure élève que ses voisins européens en terme d’émission de CO2 par habitant elle doit satisfaire les mêmes objectifs. La France a fait le choix de privilégier le nucléaire, choix controversé parmi certains opposants politiques. La sécurité des centrales nucléaires, le stockage des déchets nucléaires participent à cette controverse. Mais ce choix est aussi motivé par le faible coût du KW/h d’électricité et que la production via cette énergie ne génère pas d’émissions de CO2. Nous ne pouvons pas dépendre uniquement d’une seule source d’énergie et c’est pour cela que le gouvernement français a mis en place un plan pluri-annuel de l’énergie qui inscrit le nucléaire dans une lente décrue au bénéfice d’autres sources comme l’hydroelectricité, l’éolien ou le photovoltaïque. Cette décrue de la part du nucléaire s’explique par le fait que les centrales actuelles commencent à vieillir à l’instar de la centrale de Fessenheim arrêtée en 2020, centrale mise en service en 1978.
L’écologie doit être responsable comme cela est exposé plus haut, mais également pragmatique. Il ne s’agit pas de déconstruire des pans de notre économie car ce serait catastrophique au niveau industriel et au niveau social. L’exemple du glyphosate est le parfait exemple d’une action pragmatique. Il se s’agit pas d’imposer aux agriculteurs le non usage du glyphosate mais de les accompagner vers d’autres pratiques. Le modèle agricole a été construit pendant des décennies sur le rendement en encourageant les paysans à user voire abuser des produits phytosanitaires. Nous ne pouvons pas du jour au lendemain leur demander de faire tout le contraire. Il faut leur accorder une période de transition surtout pour une profession où une majorité peine à se construire un salaire décent à la fin du mois. Pour revenir au glyphosate, dans bon nombre de filières agricoles, des substituts au glyphosate ont été trouvé mais certaines filières ne peuvent toujours pas se passer de ce produit. L’accompagnement doit se poursuivre. C’est toute la difficulté d’une politique qui favorise le climat. Il faut savoir rester sur le chemin de crête qui nous fait progresser dans un avenir plus serein sans pour autant tomber dans une écologie punitive qui serait contre productive.
L’action d’un état ne peut suffire à lutter contre la pollution ou le réchauffement climatique. Elle doit aussi venir des simples citoyens que nous sommes. Les récents évènements climatiques que la planète a subis nourrissent cette prise de conscience mondiale. Beaucoup de commentateurs sur le sujet nous promettent le pire mais j’ai foi en l’humain, en sa capacité à agir et s’adapter. La crise sanitaire que nous vivons et la mise sur le marché de vaccins pour lutter contre celle-ci en un temps record nous a démontré à quel point notre espèce était unique et capable de résilience. Je suis persuadé que collectivement nous réussierons à relever ce défi et que notre action sera saluée par l’Histoire par les générations des siècles à venir.