Pour une retraite digne pour toutes et tous

Pour une retraite digne pour toutes et tous

La réforme majeure de ce début de quinquennat sera celle consacrée à notre système de retraite. Ce système adopté au lendemain de la seconde guerre mondiale est dit par répartition. Le principe est simple : Les salariés et leurs employeurs financent par leurs cotisations vieillesse les pensions des retraités. Depuis plusieurs années de nombreuses réformes pour garantir l’autofinancement de ce système ont été mis en place. L’âge légal de départ à la retraite, le mode de calcul de la pension de base ainsi que le nombre de trimestres à cotiser ont été revus pour permettre l’équilibre de ce système.
Tous les ans, le Conseil d’Orientations des Retraites (COR) rend un rapport qui établi un état des lieux du système et met en lumières différentes projections tenant compte d’hypothèses d’évolution démographique mais aussi de scénarios liés à la conjoncture (Niveau de chômage, Croissance économique, …).
Le dernier rapport démontre qu’en l’état et sans toucher aux paramètres du système, celui-ci deviendrait déficitaire et conduirait même à une baisse sensible du pouvoir d’achat des retraités en comparaison de celui des personnes encore en activité. Il apparait donc clairement qu’il faut réformer notre système.
Cette réforme a trois enjeux.
Le premier enjeu est d’ordre financier. L’état ne peut dépenser à outrance et doit faire preuve de sérieux en matière budgétaire surtout que les taux d’intérêts repartent à la hausse, ce qui aggrave le coût de la dette. Le deuxième enjeu est d’ordre social. Une telle réforme touche toutes les catégories de la population et donc, doit tenir compte des spécificités de certaines carrières (oénibilité, carrière débutée avant 20ans dite longue ou encore carrières hachées comme c’est le cas chez beaucoup de femmes) Le troisième enjeu est d’ordre politique et repose sur l’acceptabilité d’une réforme qui se veut impopulaire. Quelque soit la décision prise et la réforme votée, celle-ci devra être comprise et acceptée par une majorité de la population. A ce jour, une majorité de Français s’oppose au décalage de l’âge de la retraite proposé dans son programme par Emmanuel Macron qui se dit ouvert aux négociations sur le sujet.
Après de multiples lectures, il me semble raisonnable de ne pas reporter l’age légal de départ à la retraite à plus de 63 ans. Il est actuellement de 62 ans. Un âge d’ouverture des droits à 65 ans n’est pas dans la conjoncture actuelle que nous vivons un signal qui serait perçu positivement par nos compatriotes. D’autres solutions son possibles et plus consensuelles.
La première est de renforcer l’emploi des séniors mais aussi celui des plus jeunes en développant l’apprentissage par l’alternance. Le taux d’emploi pour ces deux catégories d’âge est bien plus faible que celui de nos voisins européens. Un tel renfort permettrait d’augmenter le volume total de cotisations. La seconde, complémentaire à la première, consisterait à accélérer la réforme Touraine. Cette réforme du nom de la ministre de la Santé de l’époque et votée en 2014 visait à passer progressivement le nombre de trimestres de cotisations de 167 trimestres pour les personnes néés en 1958 à 172 trimestres pour celles nées en 1973. Donc l’idée est accélérer l’augmentation actuelle qui est de un trimestres tous les 3 ans. Cela répondrait à l’une des exigences pour sauvegarder le système qui est de travailler plus longtemps.
En revanche le coût du travail ne doit pas être une variable d’ajustement pour nos retraites surtout vu le contexte actuel en matière d’inflation. C’est une constante du gouvernement que je partage puisque baisser le coût du travail permet d’avoir une dynamique d’emplois qui abaisse le chômage et donc participe par la même au financement de nos retraites.
En résumé, l’acceptabilité sera la clé de la réussite des cette réforme et pour cela le gouvernement devra faire des concessions. Décaler de façon aussi abrupt l’age d’ouverture des droits ne me semble par prendre un chemin qui permettrait aux Français de comprendre les raisons de la réforme. Travailler un peu plus mais de façon à ce que personne se sente pénaliser me semble être la bonne route. Je suis donc partisan d’une augmentation pour tous de la durée de cotisations. Que vous ayez commencez à 20 ans ou 23 ans, il vous faudra travailler 43 ans. Dans le premier cas le départ se fera à 63 ans et dans le second il se fera à 66 avec la possibilité de racheter des trimestres consacrés aux études supérieurs.